ACTU REUNION: LA REUNION ACCRO A LA TV PAYANTE

La crise n’a pas empêché le marché de la télévision payante de progresser de 6 points en un an. Résultat : deux tiers des foyers de l’île sont abonnés à une offre élargie selon Ipsos.

Malgré l’arrivée de bouquets "low-cost", les formules les plus complètes (et donc les plus chères) captent toujours l’essentiel de la clientèle. A en croire les opérateurs, l’arrivée de la TNT n’y changera rien. Les Réunionnais sont des grands consommateurs de télévision.

Selon les derniers chiffres de l’enquête réalisée par l’institut Ipsos pour le compte de la Région, 66 % d’entre eux seraient abonnés à une offre de télévision payante au second semestre 2010, soit une progression de 6 points en un an.

Principal bénéficiaire de cette croissance, le groupe Canal+ compte aujourd’hui plus de 145 000 abonnés à l’ensemble de ses offres. C’est deux fois plus que les 75 000 clients comptabilisés par l’opérateur il y a seulement 5 ans.

En face, Parabole Réunion revendique 90 000 abonnés en 2010, contre 60 000 en 2006. De quoi permettre à Canal+ de totaliser près de 75 % du marché de la télévision payante sur l’île.

De son côté, Parabole Réunion estime que ce chiffre est légèrement surestimé, l’outsider considérant pour sa part que son éternel rival ne dispose "que" de 70 % du parc total. Mais au-delà de cette guerre des chiffres, les deux rivaux sont d’accord pour reconnaître une croissance régulière du marché.

"Nous sommes proches des 6 points de progression chaque année", se félicite Rodolphe Pacaud, le directeur général de Canal Réunion. Les raisons de ce succès ? "Une offre publique malheureusement faible, ainsi qu’une demande en divertissement qui reste, à l’inverse, importante sur une île victime de l’éloignement géographique avec la métropole", explique Rodolphe Pacaud.

Cloisonnés sur une île aux dimensions par nature réduites, les Réunionnais verraient donc dans la télévision un moyen simple de s’évader. Et pour y parvenir, ils sont prêts à y mettre le prix. "Si le tarif reste un facteur important, ce qui fait le succès d’un bouquet de chaînes payantes, c’est avant tout sa richesse et sa diversité", soutient Rodolphe Pacaud. Une analyse partagée par Samuel Le Mercier, le directeur de Parabole Réunion.

"Si les Réunionnais souscrivent à nos formules, c’est parce l’offre publique reste limitée. Notre diversité de contenus est sans commune mesure avec celle que l’on trouve sur la télévision classique", assure-t-il. En clair, les téléspectateurs réunionnais préfèrent "payer plus pour visionner plus". Prévue pour la fin de ce mois, l’arrivée de la TNT ne risque-t-elle pas d’inverser la tendance ? Les opérateurs de télévision payante sont persuadés que non.

S’ils affichent une telle confiance, c’est parce qu’ils proposent déjà, chacun, une offre sensiblement équivalente au bouquet TNT. "95 % clients abonnés à un forfait dépassant les 30 euros" Lancées il y a quelques mois afin de satisfaire les foyers aux revenus modestes, ces formules "low-cost" n’ont semble-t-il pas modifié en profondeur les habitudes de consommation des Réunionnais. "Aujourd’hui, 95 % de nos clients sont toujours abonnés à une formule vendue à un tarif supérieur à 30 euros.

Pour ce prix, ils ont déjà accès à plus d’une quarantaine de chaînes", explique Rodolphe Pacaud, persuadé que ce coût demeure très accessible. "La télévision est un loisir qui reste abordable dans l’absolu. Pour 30 euros nous sommes capables de satisfaire les amoureux du cinéma, du sport, de la pêche... ", se vante le directeur de Canal+ Réunion.

Aussi "abordables" soient-elles, ces offres n’en restent pas moins payantes, contrairement à celles de la TNT. Comptez 8 euros pour TNTSat chez Canal+ Réunion et 15 euros pour le Numérik+ chez Parabole Réunion. Les deux opérateurs sont conscients de cet écart de prix et travaillent déjà sur un produit capable de concurrencer directement la TNT. Chez Canal, la formule sera baptisée TNT+.

Le concept ? Offrir gratuitement (seul le décodeur sera payant) les chaînes de la TNT et y greffer Canal+ en clair, I>Télé, TV5 Monde, LCP, Public Sénat ainsi que 6 radios.

En face, Parabole Réunion proposera une offre sensiblement équivalente. "Une TNT by Parabole Réunion", précise Samuel Le Mercier. La marque en profitera pour intégrer l’ensemble des chaînes de la TNT dans ses différentes formules. Objectif affiché par les deux concurrents ? "Démocratiser l’accès à la télévision numérique par le satellite", expliquent-ils d’une même voix.

S’ils ne craignent pas la concurrence de la TNT, les acteurs de la télévision payante n’entendent pas pour autant céder du terrain. Car en coulisse, la bataille continue de faire rage.

Outre l’enrichissement régulier de leur bouquet (l’offre la plus complète compte déjà 85 chaînes pour 70 euros par mois chez Canal+ et 46 chaînes pour 52 euros chez Parabole Réunion), les deux opérateurs mènent une lutte acharnée sur le terrain des services. Haute-Définition (HD) et enregistreurs numériques représentent les bonus susceptibles de capter une nouvelle clientèle. Avec plus de 10 000 abonnés à ses offres HD ainsi que 10 000 clients à son option "enregistreur numérique" (PVR), Canal+ Réunion peut se prévaloir d’une jolie avance sur son concurrent.

En retard sur la HD, Parabole Réunion a choisi de se démarquer en proposant gratuitement TF1 en haute définition. Quant à l’enregistreur numérique, il devrait débarquer avant la fin de l’année.

Mais Canal+ et Parabole ne sont désormais plus seuls sur le créneau de la télévision payante. Avec leurs offres triple-play, les opérateurs internet veulent eux aussi s’installer durablement dans le paysage audiovisuel. La concurrence devrait donc se renforcer dans les prochaines années.

[CLICANOO]