ACTU REUNION: LA TNT NE DECOLLE PAS
Deux mois et demi après l’arrivée de la TNT, le bilan est pourtant moins flatteur que l’optimisme du CSA et de France Télévisions lors du lancement de la télé numérique.
Principal reproche formulé par les téléspectateurs : la diffusion en direct des chaînes publiques. Avec 3h de décalage, le prime-time des chaînes publiques commencent à 23h35, autant dire qui peut bien regarder ces programmes à cette heure.
La TNT n’a pas convaincu et les abonnements aux satellites continuent plus que jamais à grignoter du terrain. “Décembre 2010 est le 4e meilleur mois jamais réalisé par Parabole Réunion, exulte Samuel Lemercier, directeur de Parabole Réunion-Mayotte.
Soit les Réunionnais ont été déçus par les chaînes de la TNT, soit il y a eu une incompréhension technique avec le flou artistique qui a régné autour des décodeurs. Ils sont donc venus vers nous, experts de la télévision, où l’installation est assurée par nos soins.”
UNE IMPATIENCE DÉÇUE
Même discours chez son concurrent Canal Satellite qui rafle entre 65 et 70 % de parts de marché. “Il n’y a pas eu d’impact de la TNT sur nos ventes, confirme Rodolphe Pacaud, le directeur de Canal Réunion. Nous sommes dans une période classique où nous continuons à recruter de nouveaux abonnés”.
Les forfaits compris entre 20 et 60 euros ont toujours les faveurs des téléspectateurs. Et même lorsqu’ils ont le choix entre un abonnement à 8 ou 15 euros comprenant les chaînes de la TNT ainsi que M6 et TF1 ou une offre gratuite incluant seulement les chaînes de la TNT, les Réunionnais préfèrent payer l’abonnement.
Preuve supplémentaire que l’abondance de dix chaînes gratuite ne suffit pas malgré un climat de crise où chaque euro dépensé est soigneusement compté. Selon l’étude Tic Track océan Indien réalisée par Ipsos Réunion pour le conseil régional au 3e trimestre 2010, les dépenses liées à la télé payante sont les seules à progresser au milieu d’autres liées aux technologies comme Internet ou la téléphonie mobile qui stagnent ou baissent légèrement.
Deux mois et demi après les débuts de la TNT, le CSA à donc réussi à ne pas perturber le paysage télévisuel local. Mais en ce qui concerne “l’attente très vive” de la TNT “en particulier à la Réunion où elle frise l’impatience”, comme le notait le sage du CAS Alain Méar en 2008, c’est une autre histoire.
VENTE DECEVANTE
Les ruptures de stocks n’étaient qu’un écran de fumée. Après que des milliers de téléspectateurs se sont rués dans les boutiques spécialisées pour acheter un adaptateur TNT, les ventes ont rapidement chuté. “Un bon adaptateur coûte 79 euros, justifie un vendeur spécialisé de Saint-Denis et une télé coûte à peine 420 euros en premier prix. L’écart n’est pas assez flagrant pour justifier l’achat d’un décodeur”.
“La TNT peine à convaincre car elle n’est pas diffusée aux bons horaires,” explique un responsable de Gany industrie, l’un des grossistes en matériel Hi-Fi et vidéo de l’île. Selon différentes estimations de professionnels, entre 15 000 et 20 000 adaptateurs auraient été écoulés. “Ce n’est pas énorme”, juge t-il.
Mais la donne pourrait changer en fin d’année. Avec la fin programmée du signal hertzien au profit du signal numérique par lequel transit la TNT, des milliers de Réunionnais se retrouveront sans chaînes de télé du jour au lendemain. “Il y a aura un boom des ventes de télé en fin d’année, prédit t-il. Sur 300 000 foyers, 15 000 ont déjà un adaptateur et 100000 sont équipés. Il restera donc 185 000 foyers qui devront s’équiper”
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