Démontage de l'antenne satellite de la Rivière des pluies (La Réunion)

19 août 2013

Orange a procèdé, aujourd'hui, à la dépose de la station satellite de la Rivière des Pluies à l’origine du développement des télécommunications vers la métropole et l’international depuis la Réunion.

L’antenne satellite de Rivière des Pluies a été démontée, ce matin, après 39 années de service auprès des Réunionnais. En projet dès 1972 et mise en service en mars 1974, la station terrienne de télécommunications par satellite de Rivière des Pluies marque le début du téléphone vers la métropole et l’international et suit le développement des télécommunications dans l’ile.

>> Avant 1974 : l’époque du décamétrique

C’est en 1964 qu’ont été établies les premières liaisons radioélectriques avec la métropole. Des opérateurs établissaient les communications depuis un CLR (Centre de Liaison Radioélectrique) basé à Rivière des Pluies, mettant en oeuvre le centre d'émission de Bel Air Sainte-Suzanne et celui de réception de Rivière des Pluies.

Les ondes décamétriques utilisées imposaient d'avoir des antennes de type losange, nécessitant des surfaces au sol importantes, de plusieurs hectares. Il a fallu mettre en place un foncier considérable que l'on ne regrette pas aujourd’hui. La qualité des communications était sujette aux aléas de la propagation.

Ce qui nécessitait de la part des opérateurs une surveillance permanente obligeant à des changements de fréquences pour palier les fadings (disparition progressive du signal). Au moment de l'arrivée de la liaison satellite en 1974, la Réunion ne disposait que d'une dizaine de circuits téléphoniques pour un parc d'environ 15 000 abonnés.

Concernant la télévision, les programmes étaient acheminés à La Réunion par cassette avant d’être diffusés sur les écrans réunionnais.

>> 1974 - 2000 : de l’époque du delta LP à l’essor de la téléphonie et de la télé

La station terrienne de télécommunications par satellite de Rivière des Pluies a été mise en service en mars 1974 avec une antenne de 14,5 m de diamètre. Elle offrait 24 circuits automatiques intercontinentaux.

L'inauguration a été symbolisée par une première communication téléphonique vers la Métropole avec Michel Debré alors député de la Réunion.

La station est également équipée pour l’émission et la réception de programmes de télévision.

« Le téléphone pour tous » devient alors le mot d’ordre à La Réunion. L’organisation de l’entreprise évolue à cette même époque et La Réunion devient, en 1981, une direction opérationnelle à part entière, dotée d’un budget lui permettant de lancer, comme en métropole, son plan delta LP (plan de rattrapage du parc de LignesPrincipales). Rapidement le nombre d’abonnés croit pour a tteindre cinq ans plus tard 100 000 abonnés et 200 000 en 1993. Parallèlement à la croissance du parc de lignes principales, le nombre initial de 24 circuits satellites est en constante augmentation, de 60 dès la fin de l’année 1974 à 750 en 1992.

Mais les cyclones…

Le point de vulnérabilité des stations satellites c’est bien sûr les cyclones. Bien que prévu pour résister à des vents pouvant atteindre 280km/h, dès que le vent dépasse les 110 km/h pendant 3 mn, il faut passer l’antenne en position de survie (position dite du « bol ») ce qui coupe les communications. Ne restaient alors que les quelques liaisons décamétriques toujours utilisées en secours et réservées aux services d’urgence !

C’est pourquoi il a été décidé de construire une deuxième station à Saint Leu en 1990. La construction de cette deuxième station avait pour objectif d'offrir un maillage total jusqu'en Métropole en utilisant deux stations et deux satellites (Télécom 1 et Télécom 2) et d’éviter les coupures totales en période cyclonique.

Elle a été positionnée à Saint Leu selon les résultats des analyses des trajectoires cycloniques à La Réunion. Mais … Il existe tout de même des cas où il a été nécessaire de passer les deux antennes en position de survie simultanément : le cyclone Hollanda, par exemple, est entré sur l’île le 11 février 1994 à Sainte Marie et sorti à Saint Leu isolant La Réunion du reste du monde de 11H28 à 12H20.

A noter, la construction de la station de Saint Leu a aussi nettement amélioré la qualité des communications intercontinentales puisque chaque communication empruntait le circuit de meilleure qualité des deux systèmes.

C’est à cette époque aussi que l’antenne de Rivière des Pluies a été remplacée par une autre, de 16 m de diamètre.

Le développement des usages

Le développement des usages implique des exigences nouvelles qui ne pouvaient pas être satisfaites par la technologie de transmission satellite. Par exemple, les transmissions data pour certaines applications qui nécessitent toujours plus de capacité et des temps de latence très réduits, ont orienté le groupe à insérer La Réunion dans son programme de construction de câbles sous marins.

De plus, les satellites ont une durée de vie limitée (environ 7 ans) et des coûts d’exploitation et de maintenance importants à l’origine d’un tarif des communications vers la métropole élevés pour les abonnés et le monde politique.

Enfin, les satellites utilisent l'orbite géostationnaire convoitée pour d'autres besoins comme le GPS (programme Galiléo de l’Union Européenne par exemple) et qu’il faut libérer.

>> 2000 : l’avènement des câbles sous-marins et le développement de l’internet

C’est pourquoi, dans les années 95, a été mise en chantier la construction du câble sous-marin SAFE reliant par fibre optique l’Afrique du Sud à la Malaisie en passant par La Réunion et Maurice. (A l’inverse des satellites qui nécessitent leur remplacement en fin de vie et en fonction des besoins du trafic, les câbles sous-marins en fibres optiques ont une infrastructure permanente permettant, par l’évolution des équipements terminaux, de faire face aux futurs besoins).

A sa mise en service en 2000, la station satellite de Sainte Marie a continué à être exploitée (alors que celle de Saint Leu a été démontée) pour le secours des communications intercontinentales de La Réunion puis de Mayotte et ce jusqu’à la mise en service du câble LION2.

En octobre 2012, l’antenne été définitivement mise en position de survie après 39 ans de bons et loyaux services.

Ce lundi 19 août 2013, l’antenne est déposée après que les panneaux d’aluminium aient été partiellement démontés afin de limiter la prise au vent lors de sa dépose par la grue. Les métaux récupérés seront réutilisés et les déchets dangereux traités selon les normes environnementales en vigueur.